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Page:Wells - Les pirates de la mer et autres nouvelles, trad Davray, 1902.djvu/254

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les pirates de la mer

rencontra une vieille petite dame en noir dont le regard fut attiré immédiatement par l’excroissance de sa poche. Dans sa main gauche gantée, il tenait son autre gant et dans la droite sa canne, de sorte que porter ostensiblement le fruit lui était impossible. En un endroit où le chemin paraissait convenablement désert il retira de sa poche l’encombrant objet et essaya de le mettre sous son chapeau. La pomme était juste un peu trop grosse ; le chapeau dansait d’une façon grotesque et, au moment où il la retirait, un garçon boucher tourna le coin de la route avec sa voiture.

— Sacrebleu ! — exclama M. Hinchcliff.

Il l’aurait mangée incontinent, acquérant l’omniscience, mais il eût été si stupide d’entrer en ville en suçant un fruit juteux — car évidemment il devait l’être. Si l’un des élèves venait à passer, cela pourrait porter un sérieux dommage à son autorité d’être vu dans cette posture. Ou bien le jus pourrait lui poisser la figure et tacher ses manchettes. Ou bien encore ce pouvait être un jus acide aussi fort que celui du citron et qui décolorerait ses vêtements…

Puis, au détour du chemin ensoleillé, il aperçut deux jolies filles. Elles marchaient à petits pas vers la ville, bavardant, et à tout moment elles pouvaient se retourner et dévisager derrière elles un jeune homme à la figure rouge et portant à la main