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l’homme qui pouvait accomplir des miracles

conde, c’est-à-dire beaucoup plus violemment que s’ils avaient été lancés par un canon. Et tous les êtres humains, et toutes les créatures vivantes, toutes les maisons, tous les arbres — le monde entier — tel que nous le connaissons — avait été lancé ainsi, bouleversé et entièrement détruit, tout simplement.

De tout cela, naturellement, M. Fotheringay ne se rendait pas exactement compte. Mais il comprit que son miracle avait été raté, et alors lui vint un grand dégoût des miracles. Il se trouvait maintenant dans l’obscurité, car les nuages s’étaient rassemblés et cachaient par intervalles la face de la lune, et l’air était plein de grêlons s’entrechoquant et tourbillonnant. Un grand mugissement de vent et d’eau remplissait le ciel et la terre, et, abritant ses yeux de sa main, il put apercevoir, à travers la poussière et la grêle, une immense muraille d’eau qui s’avançait vers lui.

— Maydig ! — hurla la voix de M. Fotheringay, étouffée par le tumulte des éléments. — Au secours ! Maydig ! Arrêtez, — cria-t-il aux eaux qui accouraient. — Oh ! pour l’amour de Dieu, arrêtez ! Paix, un instant, — dit-il au tonnerre et aux éclairs. — Arrêtez un petit instant que je reprenne mes esprits… Et maintenant que vais-je faire ?… Que faut-il faire ?… Mon Dieu ! que je voudrais que Maydig fût là… J’y suis ! — se dit-il. — Nous allons tout remettre en place, pour l’amour de Dieu, cette fois-ci.