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l’étoile

vers la mort flamboyante. Neptune avait été bel et bien frappé par l’astre étrange venu de l’espace extérieur, et la violence du choc avait incontinent fait, des deux globes solides, une vaste masse incandescente. Ce jour-là, deux heures avant l’aube, la grande étoile pallide et blanche décrivit son orbe dans le ciel, disparut vers l’ouest, et le soleil monta derrière elle. Partout les hommes s’émerveillaient ; mais, entre tous ceux qui s’émerveillaient le plus, furent ces marins, habituels contemplateurs des étoiles, qui, par les lointains de la mer, ne savaient rien du nouvel astre, et le voyaient maintenant se lever comme une lune minuscule, monter vers le zénith, passer au-dessus de leur tête et s’enfoncer vers l’ouest avec les dernières ombres de la nuit.

Quand, à nouveau, l’étoile se leva sur l’Europe, partout s’étaient rassemblées des foules attentives : sur la pente des collines, sur les toits des maisons, dans les plaines, les yeux fixés vers l’Est pour voir apparaître la grande étoile nouvelle. Elle surgit, précédée d’une splendeur blanche, comme l’éclat d’un grand feu pâle, et ceux qui l’avaient vue paraître la nuit précédente s’écrièrent en la voyant : « Elle est plus grande ! Elle est plus brillante ! » Et de fait, la lune à demi pleine, prête à disparaître par delà l’horizon occidental, était vraiment, dans ses dimensions apparentes, hors de toute comparaison ; mais elle n’avait pas dans toute sa grandeur autant