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l’île du docteur moreau

ne prouvaient par aucun signe avoir hérité des caractéristiques humaines imposées à leurs parents. Quand ils vivaient, Moreau les prenait pour leur parfaire une forme humaine. Les femelles étaient moins nombreuses que les mâles et exposées à mille persécutions sournoises, malgré la monogamie qu’enjoignait la Loi.

Il me serait impossible de décrire en détail ces animaux-hommes — mes yeux ne sont nullement exercés et malheureusement je ne sais pas dessiner. Ce qu’il y avait, peut-être, de plus frappant dans leur aspect général était une disproportion énorme entre leurs jambes et la longueur de leur buste ; et cependant, notre conception de la grâce est si relative que mon œil s’habitua à leurs formes, et à la fin je fus presque d’accord avec leur propre conviction que mes longues cuisses étaient dégingandées. Un autre point important était le port de la tête en avant et la courbure accentuée et bestiale de la colonne vertébrale. À l’Homme-Singe lui-même il manquait cette cambrure immense du dos, qui rend la forme humaine si gracieuse. La plupart de ces bipèdes avaient les épaules gauchement arrondies et leurs courts avant-bras leurs battaient les flancs. Quelques-uns à peine étaient visiblement poilus —