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Page:Wells Ile du Docteur Moreau 1896.djvu/162

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l’île du docteur moreau

loupe — marchant pesamment à travers les broussailles du sous-bois, il m’arrivait de me demander, d’essayer de voir en quoi ils différaient de quelque rustre réellement humain cheminant péniblement vers sa cabane après son labeur mécanique quotidien, ou bien, rencontrant la Femme-Renard et Ours, à la face pointue et mobile, étrangement humaine avec son expression de ruse réfléchie, je m’imaginais l’avoir contrepassée déjà, dans quelque rue mal famée de grande ville.

Cependant, de temps à autre, l’animal m’apparaissait en eux, hors de doute et sans démenti possible. Un homme laid et, selon toute apparence, un sauvage aux épaules contrefaites, accroupi à l’entrée d’une cabane, étirait soudain ses membres et bâillait, montrant, avec une effrayante soudaineté, des incisives aiguisées et des canines acérées brillantes et affilées comme des rasoirs. Dans quelque étroit sentier, si je regardais, avec une audace passagère, dans les yeux de quelque agile femelle, j’apercevais soudain, avec un spasme de répulsion, leurs pupilles fendues, ou, abaissant le regard, je remarquais la griffe recourbée avec laquelle elle maintenait sur ses reins son lambeau de vêtement. C’est, d’ailleurs, une chose curieuse et dont je ne