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Page:Wells Ile du Docteur Moreau 1896.djvu/194

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l’île du docteur moreau

bipède M’ling, aux mâchoires duquel se voyaient quelques tâches brunes de sinistre augure.

— Il est revenu ? demanda-t-il.

— Moreau ? non.

— Mon Dieu !

Le malheureux était haletant, prêt à défaillir à chaque respiration.

— Rentrons ! fit-il en me prenant par le bras. Ils sont fous. Ils courent partout, affolés. Qu’a-t-il pu se passer ? Je ne sais pas. Je vais vous conter cela… dès que j’aurai repris haleine… Où est le cognac ?

Il entra en boitant dans la chambre et s’assit dans le fauteuil. M’ling s’allongea au dehors sur le seuil de la porte et commença à haleter, comme un chien. Je donnai à Montgomery un verre de cognac étendu d’eau. Il restait assis, regardant de ses yeux mornes droit devant lui et reprenant haleine. Au bout d’un instant, il commença à me raconter ce qui lui était arrivé.

Il avait suivi, pendant une certaine distance, la piste de Moreau et de la bête. Leur trace était d’abord assez nette, à cause des branchages cassés ou écrasés, des lambeaux de bandages arrachés et d’accidentelles traînées de sang sur les feuilles des