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l’île du docteur moreau

— Puis-je prendre un peu de nourriture solide ? demandai-je.

— Grâce à moi ! répondit-il. On vous fait cuire du mouton.

— C’est cela, affirmai-je avec assurance, je mangerai bien un peu de mouton.

— Mais, continua-t-il avec une courte hésitation, je meurs d’envie de savoir comment il se fait que vous vous soyez trouvé seul dans cette barque.

Je crus voir dans ses yeux une certaine expression soupçonneuse.

— Au diable ces hurlements !

Et il sortit précipitamment de la cabine.

Je l’entendis disputer violemment avec quelqu’un qui me parut lui répondre en un baragouin inintelligible. Le débat sembla se terminer par des coups, mais en cela je crus que mes oreilles se trompaient. Puis le médecin se mit à crier après les chiens et s’en revint vers la cabine.

— Eh ! bien, dit-il dès le seuil, vous commenciez à me raconter votre histoire.

Je lui appris d’abord que je m’appelais Edward Prendick et que je m’occupais beaucoup d’histoire naturelle pour échapper à l’ennui des loisirs que me