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l’île du docteur moreau

même nature que ces bêtes humanisées, et incapable d’aucun commerce humain. Je ne me rappelle pas combien de temps je restai assis là à faire des projets ; peut-être une heure ou deux. Mes réflexions furent interrompues par le retour de Montgomery dans le voisinage. J’entendis de rauques hurlements, un tumulte de cris exultants, qui passa au long du rivage ; des clameurs, des vociférations, des cris perçants qui parurent cesser en approchant des flots. Le vacarme monta et décrût soudain ; j’entendis des coups sourds, un fracas de bois que l’on casse, mais je ne m’en inquiétai pas. Une sorte de chant discordant commença.

Mes pensées revinrent à mes projets de fuite. Je me levai, pris la lampe, et allai dans un hangar examiner quelques petits barils que j’avais déjà remarqués. Mon attention fut attirée par diverses caisses de biscuits et j’en ouvris une. À ce moment, j’aperçus du coin de l’œil un reflet rouge et je me retournai brusquement.

Derrière moi, la cour s’étendait, nettement coupée d’ombre et de clarté avec le tas de bois et de fagots sur lequel gisaient Moreau et ses victimes mutilées. Ils semblaient s’agripper les uns les au-