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Page:Wells Ile du Docteur Moreau 1896.djvu/216

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l’île du docteur moreau

que je m’étais précipité au secours de Montgomery, j’avais renversé la lampe.

L’impossibilité évidente de sauver quoi que ce soit de ce que contenaient les pièces de l’enclos m’apparut aussitôt. Mon esprit revint à mon projet de fuite, et, brusquement, je me retournai vers l’endroit du rivage où étaient abritées les deux embarcations. Elles n’étaient plus là ! Sur le sable, non loin de moi, j’aperçus deux haches ; des éclats de bois et des copeaux étaient partout épars, et les cendres du feu fumaient et noircissaient sous la clarté de l’aube. Pour se venger et empêcher notre retour vers l’humanité, Montgomery avait brûlé les barques.

Un soudain accès de rage me secoua. Je fus sur le point de me laisser aller à frapper à coup redoublés sur son crâne stupide, tandis qu’il était là, sans défense à mes pieds. Mais soudain il remua sa main si faiblement, si pitoyablement que ma rage disparut. Il eut un gémissement et souleva un instant ses paupières.

Je m’agenouillai près de lui et lui soulevai la tête. Il rouvrit les yeux, contemplant silencieusement l’aurore, puis son regard rencontra le mien : ses paupières alourdies retombèrent.