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Page:Wells Ile du Docteur Moreau 1896.djvu/234

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l’île du docteur moreau

moment en moment je me sentais plus assuré de ma sécurité présente. Je causais maintenant sans ces saccades dans la voix, dues à l’intensité de ma surexcitation et qui m’avaient tout d’abord troublé. En une heure de ce bavardage, j’eus réellement convaincu plusieurs des monstres de la vérité de mes assertions et jeté les autres dans un état de doute troublant. J’avais l’œil aux aguets pour mon ennemi l’Hyène-Porc, mais il ne se montra pas. De temps en temps, un mouvement suspect me faisait tressaillir, mais je reprenais rapidement confiance. Enfin, quand la lune commença à descendre du zénith, un à un, les discuteurs se mirent à bâiller, montrant à la lueur du feu qui s’éteignait de bizarres rangées de dents, et ils se retirèrent vers les tanières du ravin. Et moi, redoutant le silence et les ténèbres, je les suivis, me sachant plus en sécurité avec plusieurs d’entre eux qu’avec un seul.

De cette façon commença la partie la plus longue de mon séjour dans cette île du Docteur Moreau. Mais, depuis cette nuit jusqu’à ce qu’en vînt la fin, il ne m’arriva qu’une seule chose importante en dehors d’une série d’innombrables petits détails désagréables et de l’irritation d’une perpétuelle inquié-