Page:Wells Ile du Docteur Moreau 1896.djvu/246

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
234
l’île du docteur moreau

l’avais atteint à l’endroit visé et il était mort en sautant. Je me dégageai de sous son corps pesant, et, tremblant, je me relevai, examinant la bête secouée encore de faibles spasmes. C’était toujours un danger de moins, mais, seulement, la première d’une série de rechutes dans la bestialité qui, j’en étais sûr, allaient se produire.

Je brûlai les deux cadavres sur un bûcher de broussailles. Alors, je vis clairement qu’à moins de quitter l’île, sans tarder, ma mort n’était plus qu’une question de jours. Sauf une ou deux exceptions, les monstres avaient, à ce moment, laissé le ravin pour se faire des repaires, suivant leurs goûts, parmi les fourrés de l’île. Ils rôdaient rarement de jour et la plupart d’entre eux dormaient de l’aube au soir, et l’île eût pu sembler déserte à quelque nouveau venu. Mais, la nuit, l’air s’emplissait de leurs appels et de leurs hurlements. L’idée me vint d’en faire un massacre — d’établir des trappes et de les attaquer à coups de couteau. Si j’avais eu assez de cartouches, je n’aurais pas hésité un instant à commencer leur extermination, car il ne devait guère rester qu’une vingtaine de carnivores dangereux, les plus féroces ayant déjà été tués. Après la mort du malheureux Homme--