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l’île du docteur moreau

mât de misaine, un grand puma était allongé au fond d’une cage de fer beaucoup trop petite pour qu’il pût y tourner à l’aise. Plus loin, contre le bastingage de tribord, d’immenses caisses grillagées contenaient une quantité de lapins, et à l’avant un lama solitaire était resserré entre les parois d’une cage étroite. Les chiens étaient muselés avec des lanières de cuir. Le seul être humain qui fût sur le pont était un marin maigre et silencieux, tenant la barre.

Les brigantines, sales et rapiécées, s’enflaient sous le vent et le petit bâtiment semblait porter toutes ses voiles. Le ciel était clair ; le soleil descendait vers l’ouest ; de longues vagues, que le vent coiffait d’écume, luttaient de vitesse avec le navire. Passant près de l’homme de barre, nous allâmes à l’arrière, et, appuyés sur la lisse de couronnement, nous regardâmes, côte à côte, pendant un instant, l’eau écumer contre la coque de la goëlette et les bulles énormes danser et disparaître dans son sillage. Je me retournai vers le pont encombré d’animaux et d’ordures.

— C’est une ménagerie océanique ? dis-je.

— On le croirait, répondit Montgomery.

— Qu’est-ce qu’on veut faire de ces bêtes ? Est-