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l’île du docteur moreau

— Cet homme est ivre, vous n’obtiendrez rien, dis-je un peu officieusement.

Montgomery fit faire une affreuse contorsion à sa lèvre pendante.

— Il est toujours ivre. Pensez-vous que ce soit une excuse pour assommer ses passagers ?

— Mon navire, commença le capitaine, avec des gestes peu sûrs pour montrer les cages, mon navire était un bâtiment propre… Regardez-le maintenant. (Il était certainement rien moins que propre.) Mon équipage était propre et honorable…

— Vous avez accepté de prendre ces animaux.

— Je voudrais bien n’avoir jamais aperçu votre île infernale. Que diable a-t-on besoin… de bêtes dans une île comme celle-là ? Et puis, votre domestique… j’avais cru que c’était un homme… mais c’est un fou… Il n’a rien à faire à l’arrière. Pensez-vous que tout le maudit bateau vous appartienne ?

— Depuis le premier jour, vos matelots n’ont pas cessé de brutaliser le pauvre diable.

— Oui ! c’est bien ce qu’il est… un diable, un ignoble diable… Mes hommes ne peuvent pas le sentir. Moi, je ne peux pas le voir. Personne ne peut le supporter. Ni vous non plus.

Montgomery l’interrompit.