Page:Wells Ile du Docteur Moreau 1896.djvu/97

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
85
l’île du docteur moreau

quelconque, de rapprocher de ses abominations le grotesque animalisme des insulaires ; et maintenant je croyais tout deviner. Le souvenir me revint de ses travaux sur la transfusion du sang. Ces créatures que j’avais vues étaient les victimes de ses hideuses expériences.

Les abominables sacripants qu’étaient Moreau et Montgomery avaient simplement l’intention de me garder, de me duper avec leur promesse de confidences, pour me faire bientôt subir un sort plus horrible que la mort : la torture, et, après la torture, la plus hideuse dégradation qu’il fut possible de concevoir, m’envoyer, âme perdue, abêtie, rejoindre le reste de leurs monstres. Je cherchai des yeux une arme quelconque : rien. Une inspiration me vint. Je retournai le fauteuil pliant et, maintenant un des côtés par terre avec mon pied, j’arrachai le barreau le plus fort. Par hasard, un clou s’arracha en même temps que le bois, et, le traversant de part en part, donnait un air dangereux à une arme qui, autrement, eût été inoffensive. J’entendis un pas au dehors et j’ouvris immédiatement la porte : Montgomery était à quelques pas, venant dans l’intention de fermer aussi l’issue extérieure.

Je levai sur lui mon arme, visant sa tête, mais