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cassette impériale par l’intermédiaire de Jobbé-Duval et de Mme Cornu. L’auteur des Érinnyes le regarda de travers et lui répondit sèchement : « Quand on va… quelque part, est-ce qu’on est forcé de le dire ? — Non, répliqua Octave Lacroix ; mais on y va pour laisser et non pour prendre ! » Ces quelques mots acerbes suffirent pour brouiller le poète des Chansons d’avril et son illustre collègue.

Leconte de Lisle n’était d’ailleurs tendre pour personne. J’ai vu, à son enterrement, pleurer à chaudes larmes le bon Henri de Bornier. Qu’aurait dit celui-ci s’il avait su que le mort tant regretté lui avait destiné cette épitaphe prématurée :

Ci-gît un tout petit académicien
Qui, s’il rimait fort mal, du moins buvait fort bien !

Leconte de Lisle m’a conté plusieurs traits qui montrent à quel point il avait le verbe féroce. Faisant répéter, à l’Odéon, à Marie Laurent le rôle de Klytemnestra, il la reprit vertement à propos d’un passage mal dit. L’actrice