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PORTRAITS D’AUTEURS.

circonstances firent revivre cette tenace affection de gastrite.

VIII
LE RETOUR A PARIS. — MARIANNE ET M. JULES JANIN.

A son retour de Bretagne au mois de novembre suivant, Jules Sandeau accourut près de moi.

Voici les bonnes et sympathiques paroles qu’il m’adressa, paroles d’un cœur généreux et dévoué qui resteront éternellement gravées au fond de mon cœur.

— J’ai pensé sans cesse à vous, mon vieil ami, à vous que j’ai toujours trouvé si bon, si tendre, si dévoué, à vous qui m’avez tenu lieu de famille.

Je n’ai pas oublié nos soirées, nos causeries, nos cigares et nos petits verres d’alcool.

Je me suis toujours rappelé avec une joie mêlée de tristesse ces bonnes heures que nous passions ensemble à notre chère baraque qui nous était commune, à nous raconter nos misères, à nous aider à supporter nos maux.

Et vous, ami, ne m’avez-vous pas oublié dans ma longue absence ?

Le soir, au coin de votre feu, pensiez-vous un peu au voyageur absent ?

Le regrettiez-vous un peu, mon ami ?

Le redemandiez-vous ?

Allez ! je vous reviens ; et plus vous serez malheureux, plus je serai votre ami.