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Page:Wessenberg - La Route du Simplon.djvu/22

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en dépit des rochers, des précipices et des torrens. Il avait été question de diriger la route par les hauteurs de Bugliano, Frascinodi et Trasquera, pour éviter les difficultés de la vallée ; mais celles qui se présentaient sur ces hauteurs, ayant été trouvées encore plus grandes, ce projet a été abandonné.

On pénètre dans la sombre vallée de Gondo par la galerie d’Algaby, taillée dans un massif de granit de 215 pieds d’épaisseur. Les ingénieurs avaient projeté d’établir un petit fort près de l’angle tournant entre cette galerie et le village de Sempione qui aurait défendu ce passage. Un tel fort eût été une appartenance naturelle d’une route militaire aussi importante que celle du Simplon, et Napoléon a dû se repentir de sa trop grande sécurité à cet égard. Il en aurait sans doute mieux saisi l’importance, s’il avait jamais été sur les lieux ; mais il est digne de remarque, que malgré sa prédilection pour la communication avec l’Italie par le Simplon, il n’a jamais visité les immenses travaux qu’il a fait faire pour l’établir.

À mesure qu’on avance dans la vallée de Gondo, les montagnes se rapprochent et souvent laissent à peine assez d’espace pour la route qui, à chaque pas, doit disputer le terrain au torrent. C’est un labyrinthe entre des rochers qui, en beaucoup d’endroits, s’élèvent à plus de deux mille pieds au-dessus de la route. À l’un des passages les plus étroits le pont, surnommé à juste titre ponte alto, embrasse toute la largeur de la vallée. Toutes ces belles horreurs prennent un caractère encore plus imposant à l’avenue de la grande galerie de Gondo. Cette galerie, sans contredit, l’ouvrage le plus grandiose sur cette route, a été ouverte, comme celle d’Algaby, dans un granit très-dur et dans un lieu qui n’offrait d’autre issue qu’à travers les rochers. Sa longueur est de