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« Cette réunion, dit-il, a changé la situation militaire et politique du Piémont. Gênes peut être considéré comme un camp retranché, inexpugnable, d’une armée que la mer nourrirait, et suffirait par conséquent pour empêcher tout établissement solide des français dans le bassin du Piémont et de la Haute-Italie. Le roi de Sardaigne, à cheval sur les Alpes et resserré entre deux puissances colossales, a toujours dû pencher vers celle dont il avait à redouter le plus de mal. Ses intérêts ont toujours été ce que les a faits la géographie de son pays. Aujourd’hui il y a un fait nouveau qui change sa position. Vulnérable par Gênes qu’on ne peut point fermer aux Anglais, le Piémont pèsera beaucoup plus dans la balance contre les intérêts français qu’il n’a pu le faire jusqu’ici, et cette circonstance met fin aux incertitudes du cabinet de Turin en cas de guerre entre la France et l’Autriche. »

« Si toutefois, continue l’auteur, la manie des conquêtes se réveillait, les routes militaires du Mont-Cenis et du Simplon favoriseraient singulièrement le succès d’un général habile et fort de la confiance et de la supériorité de ses troupes. Deux armées formidables pourraient tomber à la fois au midi des Alpes sur les deux capitales du bassin du Pô ; et c’est ce dont Napoléon, dans ses gigantesques conceptions, avait voulu se réserver la possibilité. »

« Cette route du Simplon flattait singulièrement ses projets de domination. Elle perce le centre de cette contrée qu’il était accoutumé à regarder comme le domaine de la France. L’armée qui débouche sur le Lac-Majeur, prend de revers les corps stationnés en défensive vers les défilés des hautes Alpes, des basses Alpes et des Alpes maritimes. Elle coupe le Milanais du Piémont. Elle a le choix d’agir sur l’une ou l’autre rive