Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/148

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Pour que je coure, ô Grand, sous les cendres des villes
Exhumer pour tes fils des dignités servîtes,
De rayonnantes dots pour tes filles nubiles,
Fières de captiver l’œil d’un amant royal ;
Et pour tes favoris de riches sinécures,
Pour tes laquais dorés de nouvelles parures,
Et des joyaux sans prix pour les Phrynés impures
De ton harem oriental.

Pour que je coure, ô Grand, châtier l’insolence
D’un despotisme altier qui brisa ton blason,
Reconquérir tes droits suspendus à sa lance
Percés de coups d’épée et de coups de canon,
Arracher, larme au bras, d’une tente ennemie,
La noble Liberté qui veille à tes trésors,
Et lui construire un temple au sein de ta patrie,
Avec les ossements de tous mer frères morts !

Mais moi, que gagnerais-je, au retour des batailles
Où j’aurais prodigué le plus pur de mon sang,
Et fait à ton orgueil un lit de funérailles,
Et conquis un illustre rang ?
De magnifiques droits ! — Excepté le plus juste :
Le droit de réclamer, au nom d’un pacte auguste,
Ma part du grand banquet dont le pauvre est sevré.
Des libertés sans nombre ! — Excepté la plus sainte :
La liberté de vivre, à l’abri de la crainte,
Du prix d’un travail assuré.