Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/153

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A l’homme qui travaille enlèvent son courage
Et disputent sans cesse un pain noir et chétif,
Qui tombe, avec ses pleurs, à titre de fermage
Au bassin féodal d’un orgueilleux oisif !

Anathème à ces lois qui frappent d’impuissance
La chair de l’Indigent en sa virilité,
Jettent sur son chemin la perfide semence
Des crimes qu’inventa leur immoralité,
A ses moindres écarts l’enlèvent dans leur serre
Pour le précipiter au pied des échafauds,
Et d’un rire infernal accueillant sa misère,
Proclament sans pudeur tous les hommes égaux !

Qu’il tombe donc enfin cet informe édifice
Où, depuis trois mille ans, les chefs des nations
Sont venus, tour à tour, au nom de la Justice,
Forger, les uns, des fers, les autres, des bâillons,
Tous, déshonorer l’homme, en dressant un supplice
Devant l’égarement des grandes passions !

Peut-être à cette œuvre suprême
De salut et de liberté,
Le Dieu que j’adore et qui m’aime
M’admettra-t-il dans sa bonté,
Lui qui tant de fois en ma vie
Arma mon bras nerveux et nu,
Pour châtier l’orgueil impie
Des Grands qui l’avaient méconnu.