Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/22

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Fils d’un siècle incrédule, égaré par l’audace
Au milieu des autels qui peuplent la surface
D’un monde révolté,
Tu n’as donc pu, jeune homme, en compter les miracles,
En évoquer les Dieux, en peser les oracles,
En sonder l’équité,
Sans voir l’auguste foi, devant Terreur savante
Se voiler de douleur et s’enfuir d’épouvante
Vers le ciel irrité !

Qu’allais-tu faire aussi dans ces mornes royaumes
Où tant de voyageurs se sont déjà perdus,
Et n’ont trouvé debout que d aveugles fantômes,
Sur les temples tombés des peuples disparus ;
Où l’homme, tourmenté par un sombre problème,
Ne reçoit pour réponse, en évoquant la mort,
Que des éclats de rire ou des cris d anathème
Qui glacent le cœur du plus fort !

Tu cherchas cependant l’azur d’une autre sphère,
Mais, dans ton vol trop faible et trop mal soutenu,
Au lieu de ce soleil couronné de lumière,
Réponds ! que trouvas-tu ?
Un astre sans rayons dans un ciel solitaire,
Un globe rouge et fauve, un disque plat et nu,
Des ténèbres sans fond au-dessus de ta tête,
Des nuages en bas, livides, mornes, lourds,
Que sillonnait au loin l’éclair de la tempête,
Ou l’aile des vautours.