Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/232

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Riche ! ne vois-tu pas le sinistre navire
Qui naguère tonnait sur le Rhône en délire,
Teint encor à nos yeux de longs reflets de sang,
S avancer aux signaux du canon de détresse
Dont les vents Irlandais nous apportent sans cesse,
Sur des ailes de flamme, un écho menaçant ?

Attiré par l’éclat dont brille ton étoile,
Le Peuple fatigué demande pour sa voile
L’azur d’un ciel plus doux, l’abri d’un meilleur port ;
Des riches cargaisons éparses sur la plage
Il rêve quelquefois un plus digne partage
Rêve du Pauvre, hélas !… mais rêve du plus Fort.

Riche ! au sein des splendeurs d’une heureuse existence,
Songeant à tous les maux dont souffre l’indigence,
Ne te serais-tu donc jamais dit un moment :
Tant de richesse ici, plus loin tant de misère,
Ici l’ordre et la paix, là le trouble et la guerre,
Est-ce bien là le vœu d’un Dieu juste et clément ?