Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/240

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Non, tu ne verrais pas notre infirme noblesse,
Parant son ignorance et voilant sa faiblesse
De l’orgueil belliqueux d’un blason respecté,
S’armer contre le peuple, et, dans nos grandes luttes,
Tenter de lui ravir, même après tant de chutes,
Son humble part de royauté.

Non, tu ne verrais pas le fils de l’industrie,
Par le charbon natal la face encor noircie,
Parodier des Grands les vices insolents,
Et, dans sa vanité prompt à changer d’idole,
Renier, sans pudeur, pour un titre frivole,
Son nom, ses travaux, ses talents.

Non, tu ne verrais pas le prêtre de notre âge
S’élancer au Forum dans les instants d’orage,
Pour s’atteler au char d’un pouvoir en péril,
Et sourd, dans sa démence, aux coups de la tempête,
Toujours d’un pas pressé marcher à la conquête
De l’échafaud ou de l’exil.

Mais ton regard baissé vers des tombes chéries
Ne se relève pas au choc de nos folies ;
Rien ne trouble ta paix ni ta sérénité ;
Ta bouche implore et prie, et semble, encore émue,
Adresser aux martyrs dont l’ombre te salue
Les adieux de la liberté.