Page:Weustenraad - Poésies lyriques, 1848.djvu/59

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Ne me parlez donc plus un langage hypocrite,
N’invoquez plus de Dieu, car vous n’y croyez pas,
Car Dieu s’est retiré d’une race maudite
Destinée à périr en d’aveugles ébats.

Vous savez, il est vrai, démolir de vieux trônes,
Abattre d’un seul coup trente tyrans ligués,
Au fourneau d’un congrès refondre leurs couronnes
Pour en faire un carcan aux peuples subjugués ;
Puis exhumer les os des races disparues,
Y répandre des pleurs, de lamentables chants,
Et maudire ou bénir les royautés perdues
Selon le cours des fonds et la mode du temps.

Habiles à flétrir la plus candide chose,
Vous savez, avec art, mêler l’absinthe au miel,
Ravir au fruit son suc, son parfum à la rose,
Troubler le lac limpide où se mire le ciel,
Éteindre d’un seul souffle une ardente auréole,
Écraser dans son œuf l’aigle à peine formé,
Effeuiller un espoir, délustrer un symbole,
Et jeter un linceul sur tout objet aimé.

Puis, reprenant en grand vos œuvres délétères,
Ouvrant un lit plus vaste à votre ardent courroux,
Vous armez, pour un mot, les fils contre les pères,
Vous arrachez l’épouse aux bras de son époux,