Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/129

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rire. Elle vit le regard d’Arment devenir de plus en plus perplexe. Toutes les transformations qui se faisaient sur son visage étaient lentes, et elle se rappela subitement comme cela l’avait divertie autrefois de changer d’un mot cette pénible mise en scène. Elle se rendit compte pour la première fois qu’elle avait été cruelle.

— Oui, il s’agit de secourir, dit-elle sur un ton plus doux, et vous pouvez le faire en m’écoutant… J’ai une chose à vous dire…

Arment ne cédait pas encore.

— Ne serait-il pas plus facile d’écrire ? suggéra-t-il.

Elle secoua la tête :

— Il n’y a pas le temps d’écrire… et ce ne sera pas long.

Elle leva la tête et leurs yeux se rencontrèrent.

— Mon mari m’a quittée, dit-elle.

— Westall ? balbutia-t-il en rougissant encore.

— Oui… Ce matin… exactement comme je vous ai laissé, parce qu’il était fatigué de moi.

Ces mots, prononcés à voix basse, semblèrent porter jusqu’au fond de la pièce. Arment regarda du côté de l’antichambre, puis son regard embarrassé se fixa de nouveau sur Julia.

— J’en suis très fâché, dit-il gauchement.