Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/14

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tient sur sa montre ; puis son visage se rasséréna, et il s’avança d’un pas rapide à la rencontre d’une jeune fille qui venait de franchir le seuil du hall. Fine et élancée, dans son costume de ville d’une élégance sobre, elle avait, sur un cou long et gracile, une jolie tête d’éphèbe, aux lèvres d’un rose trop pâle, aux grands yeux clairs et transparents, sous un front intelligent qu’ombrageaient des cheveux d’un blond doux et indécis. Cherchant le jeune homme du regard, elle traversait seule la salle encombrée, avec la mine confiante, le port de tête tranquillement audacieux de la jeune Américaine habituée à se frayer elle-même un chemin à travers la vie. Pourtant, à la regarder de plus près, on remarquait que l’air d’indépendance un peu naïve qui caractérise ses compatriotes était adouci chez elle par une nuance de raffinement parisien, comme si un visage au teint trop éclatant eût été voilé par un tulle léger. Le contact d’une autre civilisation avait produit chez elle un tout autre effet que chez Le Fanois : elle avait gagné, à ce commerce cosmopolite, autant que lui paraissait y avoir perdu.

Le jeune homme l’aborda avec un geste de familiarité fraternelle.

— Vous arrivez seule ? Vos amies vous ont