Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/142

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Cette façon de considérer la vie était devenue pour Lydia une chose toute naturelle, de même que le majestueux landau de sa belle-mère lui semblait le seul moyen de locomotion possible et que le sermon d’un pasteur à la mode, chaque dimanche, était l’inévitable expiation à subir pour s’être ennuyée pendant les six jours de la semaine. Avant qu’elle eût fait la connaissance de Gannett, cette vie lui avait paru simplement monotone ; mais, depuis lors, elle ressemblait, cette vie, à une de ces tristes gravures de Cruikshank où tout le monde est laid et se livre à des occupations vulgaires ou stupides.

Il était naturel que Tillotson fût le premier à pâtir de cette optique nouvelle. Le voisinage de Gannett avait rendu Tillotson ridicule ; une part de ce ridicule retombait sur sa femme. Qu’elle y parût indifférente, et Gannett soupçonnerait chez elle un manque de sensibilité dont elle devait, coûte que coûte, se justifier à ses yeux.

Mais cela, elle ne le comprit que plus tard. Sur le moment, elle s’imagina tout simplement avoir atteint les limites de l’endurance. Dans la magnifique liberté que semblait lui conférer le seul acte de quitter Tillotson, la petite question de divorcer ou de ne pas divorcer ne comptait pas. Mais quand elle s’aperçut qu’elle