Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/160

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Miss Pinsent jeta un coup d’œil sur le lac et rajusta ses frisons dorés.

— Mais je ne nie pas, bien entendu, continua-t-elle, que l’attitude de lady Susan ne soit parfois difficile à imiter pour nous autres. M. Grossart, notre excellent propriétaire, en souffre de temps en temps : il nous l’a dit en confidence, à Mrs Ainger et à moi. Il est naturel, après tout, que le pauvre homme veuille remplir son hôtel, n’est-ce pas ? Et lady Susan est tellement difficile pour les nouveaux venus ! On pourrait même dire qu’elle les condamne d’avance, par principe. Et cependant elle a eu des avertissements : elle a failli commettre une effroyable erreur avec la duchesse de Levens, qui se teignait les cheveux, jurait et fumait.

Miss Pinsent reprit son tricot en soupirant :

— Il y a, bien entendu, des exceptions. Elle a eu tout de suite de la sympathie pour vous et pour M. Gannett : ç’a été remarquable, oui vraiment… Oh ! je ne veux pas dire que l’un ou l’autre… non, bien entendu ! C’était parfaitement naturel : tout le monde vous a trouvés si charmants, si intéressants, dès le premier jour !… Nous savions, d’abord, que M. Gannett était un lettré, par les revues que vous receviez ; mais vous comprenez ce que je veux dire : lady Susan… je ne veux pas dire, comme Mrs Ain-