Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/172

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Elle fut rappelée a elle-même par le sifflet du bateau de trois heures qui approchait du débarcadère à deux pas de la grille. — Trois heures ! Gannett serait bientôt de retour : il lui avait dit de l’attendre avant quatre heures. Elle se leva brusquement, se détourna de l’hôtel, de cette façade inquisitive. Elle n’avait pas encore le courage de voir Gannett, de rentrer. Elle se glissa dans une des allées couvertes, puis s’engagea dans un sentier qui menait à la montagne…


Il faisait nuit quand elle ouvrit la porte de leur salon. Gannett était assis sur le rebord de la fenêtre, fumant une cigarette. La cigarette, maintenant, était sa grande ressource : il n’avait pas écrit une ligne durant les deux mois qu’ils venaient de passer à l’hôtel Bellosguardo. Sous ce rapport, ce n’était décidément pas le milieu rêvé !

À l’entrée de Lydia, il se leva :

— Où étiez-vous donc ? Je commençais à m’inquiéter.

Elle s’assit sur une chaise, près de la porte.

— Dans la montagne, dit-elle sur un ton de lassitude.

— Seule ?

— Oui.