Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/180

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avec miss Pinsent, j’ai été bégueule avec Mrs Ainger. La respectabilité ! C’était la chose du monde qui, j’en étais persuadée, m’était la plus indifférente… et voilà qu’elle m’est devenue si précieuse que je l’ai volée parce que je ne pouvais plus l’avoir autrement !

Elle traversa la pièce, revint près de Gannett et se mit à rire de nouveau :

— Moi qui me croyais si ennemie du convenu ! On dirait que je suis née un porte-cartes à la main. Il fallait me voir avec cette pauvre femme dans le jardin. Elle est venue, la malheureuse, me demander aide parce que, d’après elle, ayant « péché », comme ils disent, je devais avoir quelque pitié de celles qui ont succombé aux mêmes tentations. Eh bien, non ! Elle ne me connaissait pas. Lady Susan aurait été plus compatissante, parce que lady Susan n’aurait pas eu peur. J’ai détesté cette femme ; je n’ai eu qu’une seule idée : ne pas être vue avec elle. Je l’aurais tuée, pour avoir deviné mon secret ! La seule chose qui m’importait, à ce moment, c’était ma position auprès de lady Susan.

Gannett ne disait rien.

— Et vous ?… vous l’avez senti aussi ! continua-t-elle d’un ton amer. Vous avez été tout aussi heureux que moi de vous trouver avec ces