Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/192

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la tête à l’approche d’une dame qui s’était placée à une table près de la fenêtre : « Il se pourrait bien que ce fût elle… »

Dès ses années d’étudiant à Harvard[1], — il était encore assez jeune pour penser à ce temps comme à une époque infiniment éloignée, — Danyers avait rêvé de Mrs Anerton, la Silvia de l’immortel cycle de sonnets de Vincent Rendle, la Mrs A… de la Vie et les Lettres du même Vincent Rendle. Ce nom avait pour tabernacle quelques-uns des plus nobles vers anglais du dix-neuvième siècle, — et de tous les siècles passés ou futurs, comme Danyers, avec un jugement mûri, continuait à le croire. La première lecture de certains poèmes de Rendle : l’Antinoüs, la Pia Tolomei, les Sonnets à Silvia, avait fait époque dans le développement de Danyers, et l’exquise harmonie, l’ampleur, la signification de ces vers semblaient croître à mesure qu’on apportait à leur interprétation plus d’expérience de la vie, une sensibilité plus affinée, alors que, dans son adolescence, Danyers n’avait perçu que la parfaite et presque austère beauté de la forme, la subtile alternance des voyelles, l’élan et la plénitude

  1. Célèbre Université d’Amérique, établie à Cambridge, près de Boston.