Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/206

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rideau de feuillage, le lointain éclair azuré du lac, ils ne parlèrent plus exclusivement de Rendle ou de littérature. Elle encourageait Danyers à se raconter lui-même, à lui confier ses ambitions. Elle lui posait de ces questions qui sont chez une femme fine l’équivalent d’un conseil :

— Vous devriez écrire, disait-elle, en formulant la plus exquise flatterie que peuvent exprimer des lèvres humaines.

Naturellement il écrirait. Pourquoi ne pas entreprendre à son tour quelque chose de grand ? Il ferait du moins de son mieux, avec la résolution que son mieux serait le mieux. Rien d’autre n’eût paru suffisant au jeune homme avec un tel mandat dans les oreilles. Comme elle l’avait deviné ! — Comme elle avait soulevé et démêlé ses ambitions éparses, mis en éveil son esprit, avec ce Fiat lux !


C’était leur dernier jour ensemble, et il se sentait heureux sans avoir d’espoir défini.

— Oui, vous devriez écrire, et un livre sur Lui, reprit-elle doucement.

Danyers eut un sursaut ; il commençait à ne plus aimer cette façon avec laquelle Rendle apparaissait sans se faire annoncer.

— Vous le devriez, insista-t-elle. Il faudrait