Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/215

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étaient tout aussi libres. Il y eut, à un moment, une jeune fille (je vous dis tout), une ravissante créature qui appelait sa poésie « profonde ». Elle lui donna Lucile[1] pour son jour de naissance ! Il la suivit en Suisse pendant un été entier, et durant tout ce temps où il tournait autour d’elle, — un peu trop ouvertement, d’après moi, pour un grand homme, — il m’écrivait sur sa théorie de la combinaison des voyelles, ou sur ses essais de rénovation de l’hexamètre anglais ! Ses lettres étaient datées des endroits mêmes où je savais qu’ils allaient s’asseoir ensemble auprès des cascades, tandis qu’il s’ingéniait à trouver des adjectifs pour la nuance de ses cheveux. Il m’en parla plus tard en toute franchise. Elle était d’une beauté parfaite, et il avait éprouvé une joie très pure à la contempler, mais elle tenait absolument à parler, et son esprit, disait-il, était « tout en coudes ». Pourtant, l’année suivante, quand il apprit son mariage, il partit subitement tout seul… C’est précisément alors qu’il publia son Viatique d’amour… Que les hommes sont bizarres !…

« Après la mort de mon mari, — vous voyez que je formule les choses crûment, — j’eus un

  1. Poème de lord Lytton.