Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/235

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tuaire, ne se fussent transformées en neige.

À la grille du cimetière je perdis un peu de ma confiance. Par ce triste anniversaire les avenues étaient pleines de pieux visiteurs, et le gardien ne se souvint pas d’avoir vu entrer un gros prêtre italien, très enrhumé, portant dans un mouchoir rouge une gerbe de fleurs. Il me donna bien quelques indications vagues, mais je me gardai de les suivre, et, grâce à cette précaution, au bout d’une demi-heure de recherches, je découvris mon pauvre curé, agenouillé sur la terre gelée dans une des allées les plus écartées de la grande nécropole. La tombe sur laquelle il priait était jonchée de fleurs prises en cachette dans les serres de M. Meriton, et sur la pierre tombale je lus l’inscription suivante :

Il Conte Siviano
Da Milano
Super flumina Babylonis, illic sedimus et flevimus.

Je restai là quelques instants sans que Don Egidio me vît, et lorsqu’il se leva il était si absorbé par la douleur qu’il me regarda presque sans surprise.

— Monsieur le curé, dis-je, j’ai une voiture