Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/252

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Un mois plus tard, Faustina Intelvi était la femme de Roberto. Donna Marianna se réjouit avec moi, car nous savions que Roberto l’avait épousée par amour et elle semblait digne de son choix. Quant au comte Andrea et à sa femme, je vous laisse deviner de quelle amertume était mélangé le baiser avec lequel ils accueillirent la fiancée. Ils étaient tout souriants le jour du mariage de Roberto et firent de tels compliments à sa femme que Donna Marianna crut y voir une preuve de leur grandeur d’âme ; mais, pour ma part, j’aurais préféré les voir moins aimables. Cependant toutes mes craintes s’évanouirent devant le bonheur rayonnant de mon ami. Chez certaines natures, l’amour croît graduellement comme la lumière du soleil levant qui pénètre peu à peu dans la vallée ; mais chez Roberto c’était l’éclat soudain de l’astre illuminant la cime de la montagne. Il marchait dans la vie avec le pas mal assuré de l’aveugle qui a recouvré la vue, et un jour il me dit en riant : « L’amour nous fait découvrir des mondes nouveaux. »

Hélas ! mon fils, la comtesse n’avait que dix-huit ans et son mari en avait quarante. Le comte Roberto avait l’âme d’un poète mais les traits fatigués, et il boitait légèrement. En Italie, on marie les jeunes filles comme on vendrait