semblables étourdissements étant de fréquente
occurrence dans les climats chauds d’où elle
venait, elle avait appris, d’une femme experte
en drogues, comment y remédier par une décoction
du « carduus benedictus » faite dans
la troisième nuit de la lune croissante, et sans
aucune intervention magique. « Mais, ajouta-t-elle,
tu n’auras pas à redouter que j’attire le
scandale sur ta sainte retraite, car, grâce aux
enseignements de cette même femme, ma propre
blessure est à peu près guérie, et demain, au
coucher du soleil, je partirai. »
L’ermite, à ces paroles, sentit un poids à son cœur, et il lui parut que, dans le même instant, le regard de l’étrangère s’attristait. Et voici que, soudain, ses doutes furent levés, et il connut quelles étaient les volontés de Dieu à l’égard de la femme sauvage. « Pourquoi, lui dit-il, fuir ces lieux où tu es à l’abri des dangers, et où tu peux prendre soin du salut de ton âme. Serait-ce que tes pieds sont las de ne plus cheminer, ou que ton esprit est assoiffé des propos du siècle ? » Elle lui répondit qu’elle n’avait nul désir de voyager et nulle répulsion pour la solitude. « Mais, dit-elle, il me faut bien aller mendier mon pain, puisqu’en cette solitude il n’y a que toi qui me puisse nourrir. De plus, lorsqu’on saura que j’ai guéri le pâtre,