Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/93

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la victime que la complice des vulgarités de ses parents.

Au moment même où Julia se disait vaguement que la mère devrait être avertie, Una se glissa vers elle et, la fixant de ses grands yeux limpides, s’écria avec un enthousiasme non dissimulé :

— Oh ! mistress Westall, que c’est beau ! Vous y croyez, n’est-ce pas ? ajouta-t-elle sur un ton d’une gravité angélique.

— Croire à quoi, ma chère enfant ?

Le regard de la jeune fille s’illumina :

— À une vie plus élevée, à l’affranchissement de l’individu, à la loi de fidélité envers soi-même ! s’écria-t-elle vivement.

Mrs Westall fut elle-même étonnée de se sentir rougir.

— Ma chère Una, dit-elle, vous ne comprenez pas le moins du monde de quoi il s’agit.

Miss Van Sideren la regarda fixement en rougissant à son tour :

— Ne comprenez-vous pas non plus ? murmura-t-elle.

Mrs Westall partit d’un éclat de rire :

— Pas toujours… ni complètement ! Mais donnez-moi donc un peu de thé.

Una la conduisit dans le coin où l’on servait les breuvages inoffensifs, et Julia, en