Page:Wharton - Les Metteurs en scène, 1909.djvu/94

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prenant la tasse de la main de la jeune fille, scruta plus attentivement son visage, moins jeune qu’elle ne l’avait cru. Sur ce teint frais et rose les lignes commençaient déjà à s’accentuer ; Una devait bien avoir vingt-six ans. Pourquoi donc ne s’était-elle pas mariée ? Elle apporterait du reste comme dot un assez joli stock d’idées !… Si c’était là le complément de trousseau de la jeune fille moderne… Mrs Westall se ressaisit en tressaillant. Elle crut avoir entendu parler un étranger qui aurait emprunté sa propre voix. Puis, s’apercevant tout à coup que l’atmosphère était étouffante et le thé d’Una trop sucré, elle posa sa tasse et chercha le regard de Westall, comme elle avait coutume de le faire dans ses moments d’indécision. Elle le croisa une seconde, et remarqua qu’il se dirigeait vers un point plus éloigné. En effet, il s’était fixé sur le coin de l’atelier où Una était allée s’asseoir, un de ces coins fleuris, prédisposant au flirt, et qui faisaient tout le succès des samedis de Mrs Van Sideren.

Westall ne tarda pas à suivre le chemin parcouru par son regard, et Julia le vit s’asseoir à côté de la jeune fille.

Una, penchée en avant, parlait avec animation ; lui, rejeté en arrière, l’écoutait avec ce