Page:Wharton - Sous la neige, 1923.djvu/123

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lui avouer que vous me refusez l’argent nécessaire au rétablissement de ma santé. C’est cependant à soigner votre mère que je l’ai perdue !

— Vous avez perdu la santé à soigner ma mère ?

— Oui ; et mes parents disaient tous, à cette époque, que vous ne pouviez faire moins que de m’épouser…

— Zeena !

À travers la pénombre qui voilait les visages, leurs pensées semblaient dressées l’une contre l’autre comme des serpents lançant leur venin. Ethan sentait toute l’horreur de cette scène et rougissait d’y prendre part. Cette querelle était aussi insensée et aussi sauvage que le corps à corps de deux ennemis dans l’obscurité…

Il se dirigea vers la cheminée, chercha à tâtons les allumettes, et alluma l’unique chandelle de la pièce. Au premier moment, la faible flamme lutta vainement avec les ombres : puis le visage morose de Zeena se détacha sur les vitres nues, qui peu à peu étaient passées du gris au noir.

C’était la première scène violente qui éclatait entre les époux depuis leur lamentable mariage, sept ans auparavant. Ethan eut l’impression qu’en s’abaissant à une réplique blessante, il venait de perdre à jamais un précieux avantage. Mais le problème pratique restait le même, et il fallait le résoudre.