Page:Wharton - Sous la neige, 1923.djvu/127

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instinctivement évité de prononcer le nom de Mattie. Il redoutait vaguement que ce nom n’amenât des critiques, des plaintes, ou des allusions détournées au mariage probable de la jeune fille. Mais la pensée d’une séparation définitive ne lui était pas venue à l’esprit, et même maintenant il ne pouvait s’y faire.

— Je ne sais pas ce que vous voulez dire, reprit-il. Mattie Silver n’est pas une servante. Elle est votre cousine.

— C’est une pauvresse qui nous est tombée sur le dos, à tous, après que son père eut tout fait pour nous ruiner. Je l’ai hébergée toute une année… C’est aux autres maintenant de s’en charger.

Comme elle prononçait ces paroles d’une voix perçante, on entendit frapper à la porte.

— Ethan… Zeena ! appelait gaiement du dehors la voix de Mattie. Vous n’avez pas oublié l’heure ? Il y a longtemps que le souper est prêt. Venez-vous ?

Il y eut un instant de silence à l’intérieur de la chambre. Puis, de son siège, Zeena cria :

— Je ne descends pas…

— Vraiment ? Je suis désolée… Êtes-vous souffrante ? Voulez-vous que je vous monte quelque chose ?

Ethan se secoua et entr’ouvrit la porte.

— Descendez, Mattie, je vous prie. Zeena est un peu fatiguée. Je vous suis à l’instant.