Page:Wharton - Sous la neige, 1923.djvu/169

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— Je n’ai jamais vu un œil comme le vôtre, répondit-elle.

Elle s’assit sur le tronc d’arbre, au soleil ; et Ethan se mit à son côté.

— Vous étiez jolie comme un cœur avec votre chapeau rose, lui dit-il.

Tout heureuse, elle répliqua en riant :

— C’était sans doute le chapeau…

Jamais encore ils n’avaient manifesté aussi ouvertement la sympathie qu’ils ressentaient l’un pour l’autre. Ethan eut un instant l’illusion qu’il était libre et qu’il faisait la cour à la jeune fille qu’il rêvait d’épouser. Il regarda les cheveux de Mattie et éprouva le désir de les caresser de nouveau. Il aurait voulu lui dire qu’ils embaumaient la senteur des bois… mais il ne savait pas exprimer de pareilles choses.

Brusquement, Mattie se leva :

— Il ne faut pas que nous restions ici plus longtemps…

Il continuait de la considérer vaguement, encore à demi perdu dans son rêve.

— Oh ! nous avons bien le temps, répondit-il.

Ils se regardaient tous les deux comme si chacun avait tendu toutes ses forces pour saisir et emporter dans ses yeux l’image de l’autre. Il y avait certains mots qu’Ethan voulait prononcer avant qu’ils ne se