Page:Wharton - Sous la neige, 1923.djvu/54

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Gravement elle répondit :

— Je pensais qu’il vous avait été impossible de venir me chercher.

— Impossible ?… Et pourquoi ?

— Zeena était assez mal entrain aujourd’hui…

— Oh ! il y a longtemps qu’elle est couchée.

Il s’arrêta, une question sur les lèvres :

— Alors, vous comptiez rentrer seule à la maison ? reprit-il.

— Bah ! je ne suis pas peureuse.

Ils se tenaient tous deux dans l’ombre qui tombait des sapins. Autour d’eux une solitude infinie et grise se déroulait dans la demi-clarté, sous les étoiles.

Frome insista :

— Si vous pensiez que je ne viendrais pas, pourquoi n’êtes-vous pas montée avec Denis Eady ?

— Eh quoi !… Comment savez-vous ?… Vous étiez là ?… Je ne vous ai pas vu !

Le cri de surprise de Mattie et le rite de Frome se mêlèrent comme deux ruisseaux d’avril à la fonte des neiges. Ethan avait la sensation d’avoir fait quelque chose d’ingénieux et espiègle. Afin de prolonger son effet, il chercha une belle phrase… Puis, dans un brusque grognement d’allégresse :

— Allons, venez ! dit-il.

Il glissa son bras sous celui de Mattie, comme Eady