Page:Wharton - Sous la neige, 1923.djvu/69

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été ces moyens ; heureusement pour sa femme et sa fille, on ne les avait examinés qu’après d’imposantes funérailles. Mrs. Silver était morte des suites de ces fâcheuses révélations. Mattie, à vingt ans, s’était donc trouvée seule pour faire son chemin dans la vie, avec les cinquante dollars que lui avait procurés la vente de son piano.

Tout ce qu’elle savait faire, c’était chiffonner un chapeau, faire du molasses candy[1], réciter la fameuse poésie : Le couvre-feu ne sonnera pas cette nuit, jouer au piano La Corde perdue et un pot pourri d’après Carmen. Quand elle essaya d’étendre le champ de son activité jusqu’à la sténographie et à la comptabilité, sa santé s’altéra ; et six mois passés debout derrière le comptoir d’un magasin de nouveautés ne contribuèrent pas à la rétablir.

Ses parents les plus proches avaient été amenés à placer leurs économies entre les mains de son père. Après sa mort, ils rendirent le bien pour le mal en prodiguant à la jeune fille tous les conseils dont ils disposaient ; mais il leur parut excessif de faire davantage, en y ajoutant matériellement.

Toutefois, lorsque le médecin eut conseillé à Zeena de chercher quelqu’un pour l’aider dans les tra-

  1. Espèce de sucre d’orge américain.