Page:Wharton - Sous la neige, 1923.djvu/73

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éprouvait était si grand qu’il l’emporta. Il ne doutait plus, à cette heure, que Zeena avait été sincère, la nuit précédente, en se disant trop souffrante pour dormir. Sa résolution brusque d’aller consulter un médecin semblait démontrer que, suivant sa coutume, elle n’était préoccupée que de sa santé.

Comme si elle attendait une protestation, elle continuait d’une voix plaintive :

— Si vous êtes pris par le charriage, sans doute pourrez-vous laisser Jotham Powell me conduire au train avec l’alezan.

Ethan l’écoutait à peine. Il était absorbé par un rapide calcul. Pendant l’hiver, il n’y avait pas de diligence entre Starkfield et Bettsbridge, et les trains qui s’arrêtaient à Corbury Flats étaient lents et rares : Zeena ne pourrait donc pas être de retour à la ferme avant le lendemain soir…

— Si j’avais pu penser que vous feriez une objection à ce que Jotham Powell me conduisît…, reprit-elle, comme si le silence de son mari impliquait un refus : quand elle était sur le point de partir, elle devenait toujours loquace. Tout ce que je sais, c’est que je ne peux pas vivre comme ça plus longtemps. Les douleurs me sont maintenant descendues jusqu’aux chevilles… Autrement, j’aurais été à pied à Starkfield plutôt que de vous déranger, et j’aurais