Page:Wharton - Sous la neige, 1923.djvu/99

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déranger ; et après un instant il lui dit : « Venez donc vous asseoir ici près du poêle. » Et il désigna le fauteuil à bascule de Zeena, de l’autre côté de la cheminée. Mattie obéit et vint s’y asseoir. Ethan eut un moment d’émotion en voyant la fine tête brune appuyée contre le coussin bigarré qui encadrait habituellement le visage décharné de sa femme. Un instant, il eut presque la sensation que la figure de Zeena s’était substituée à celle de l’intruse…

Mattie sembla bientôt partager ce malaise. Elle changea de position, se penchant en avant, la tête sur son ouvrage. Frome ne discernait plus que la pointe de son nez, et le ruban rouge dans ses cheveux. Elle se leva presque aussitôt.

— Je n’y vois pas pour coudre, dit-elle ; et elle alla se rasseoir auprès de la table.

Ethan prit le prétexte de remplir le poêle pour se lever, et quand il revint à son siège il le tourna de façon à voir le profil de la jeune fille, et la lumière de la lampe sur ses mains. Le chat, qui avait guetté tout ce va-et-vient d’un œil curieux, sauta sur le fauteuil de Zeena, s’y pelotonna, et posa sur tous deux son regard somnolent.

Un calme profond emplissait la cuisine. La pendule suspendue au-dessus du buffet faisait entendre son tic tac. De temps à autre un morceau de bois