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Page:Whymper - Escalades dans les Alpes.djvu/313

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CHAPITRE XIV.

pondu : « Non, mon cher Croz ; vous avez dit tout à l’heure que la Dent Blanche est dans d’excellentes conditions, il faut donc absolument l’escalader. »

Ce vent diabolique m’a laissé le souvenir le plus vif et le plus désagréable. Il ne soufflait que par rafales irrégulières sur les confins extrêmes de cette région troublée. On eût dit qu’il en voulait tour à tour à chaque membre de l’expédition en particulier ; quand il avait bien secoué et démoralisé l’un de nous, il se retirait brusquement pour revenir l’instant d’après, beaucoup plus violent, s’en prendre à un autre.

Vu à travers le bassin du glacier de Z’Mutt, mon vieil ennemi, le Cervin, paraissait plus inaccessible que jamais. « Croyez-vous vraiment, dirent les guides, que l’on parviendra jamais, vous ou un autre, à escalader cette montagne-là ? » Sans me laisser intimider, je répondis avec aplomb : « Certes, mais pas de ce côté-là. » Mon indomptable présomption leur arrachait des rires moqueurs. À ce moment, je l’avoue, tout espoir m’avait abandonné. Rien ne peut offrir un aspect plus complétement inaccessible, ou ne peut être vraiment plus inaccessible que le Cervin sur ses versants nord et nord-ouest.

En avant ! cria-t-on de nouveau. Nous dominions le sommet de la Dent d’Hérens. « Encore 300 mètres à gravir, m’écriai-je, et, dans trois heures, nous serons au sommet. » — « Dans dix heures, voulez-vous dire, » répondit Croz, tant nos progrès étaient lents. Cependant, je ne m’étais pas trompé de beaucoup. À 3 heures 15 minutes nous atteignîmes la grande arête suivie par M. Kennedy, tout près du sommet de la montagne. Le vent et le froid devenaient terribles. Il nous était parfois impossible d’avancer. Nous restions immobiles, collés aux rochers, écoutant « les cris du vent stupide » tandis que ses rafales balayaient la crête, enlevant la neige qui la couvrait, et l’emportant en longues traînées sur le glacier de Schönbühl. « On ne distinguait qu’un tournoiement indescriptible de l’air, semblable au vent rendu visible. »

Le brouillard dérobait à notre vue le but de nos efforts, bien qu’il fût à peine éloigné de quelques mètres. La prédiction de