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ESCALADES DANS LES ALPES.

différente ; un de ces deux hommes portait sur son dos un jeune sapin pourvu de ses branches et de ses feuilles. Les guides de M. Wills, furieux de voir des étrangers prêts à les devancer au sommet, voulaient les rouer de coups. Cependant, au lieu de coups, on leur donna une tablette de chocolat ; puis, après avoir échangé force compliments, « on fuma le calumet de paix, et la cordialité la plus parfaite s’établit entre les deux troupes rivales. » Christian Almer était un des deux guides étrangers.

Ceci se passait en 1854. En 1858-59, Christian Almer fit les premières ascensions de l’Eiger et du Mönch, la première avec M. Harrington ( ? ) et la seconde
Christian Almer, d’après une photographie de M. E. Edwards.
avec le docteur Porges. Depuis lors, il a parcouru les Alpes, du Dauphiné au Tyrol[1]. Excepté Melchior Anderegg, il n’existe peut-être pas un autre guide dont l’expérience soit aussi complète et dont les expéditions aient été couronnées d’un aussi invariable succès ; les nombreux touristes qui l’ont employé sont unanimes à reconnaître qu’on ne saurait rencontrer dans toutes les Alpes un cœur plus loyal et un pied plus ferme.

Avant de repasser la chaîne du Mont-Blanc pour revenir à Cormayeur, nous fîmes l’ascension de l’Aiguille Verte. En 1864, j’avais examiné cette montagne sous toutes ses faces en compagnie de M. Reilly, et le versant méridional m’avait semblé le plus accessible. Nous partîmes donc de Chamonix, le 28, pour

  1. On trouvera dans les publications de l’Alpine Club le récit de ses principaux exploits.