Page:Whymper - Escalades dans les Alpes.djvu/364

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
356
ESCALADES DANS LES ALPES.

chait, le concert des eaux courantes s’éteignait ; peu à peu, les ruisseaux devenaient de minces filets d’eau dont le murmure cessa bientôt lui-même ; les gouttes d’eau brillantes, saisies par la gelée, restèrent collées sur la glace, ainsi revêtue d’une couche d’émail étincelant qui dura jusqu’au moment où le soleil vint de nouveau frapper le glacier de ses rayons.

Quand les murailles des crevasses sont exposées aux intempéries de l’atmosphère, elles subissent des altérations qui rendent difficile l’étude de leur structure intérieure. Aussi quelques observateurs en ont-ils conclu que la stratification observée dans les régions supérieures des glaciers se trouve effacée ; d’autres, et ma propre expérience me fait partager leur opinion, ont combattu cette théorie. Il est très-difficile, à la vérité, de constater des stratifications dans les parties inférieures des glaciers des Alpes, mais ce fait ne nous autorise pas à conclure que la structure primitive de la glace a été modifiée. Il y a dans les régions supérieures des milliers de crevasses dont les murailles ne portent aucune trace de couches. Prenez une hache et enlevez la glace que l’eau a formée en se congelant et celle qui, sous cette enveloppe légère, avait été exposée aux intempéries de l’atmosphère, vous découvrirez des sections de couches mélangées d’une glace pure et imparfaite, et vous reconnaîtrez clairement que, si la structure primitive du glacier avait été cachée à vos regards, elle n’avait pas été modifiée dans son essence.

Dans mon opinion, contraire à celle des savants les plus éminents, les couches de glace qui sont formées par l’action de l’atmosphère sur les lits de neige déposés dans les régions supérieures existent (à moins qu’elles n’aient été originellement très-minces) aux extrémités des glaciers, et la plupart des veines de glace bleue que l’on remarque sur les surfaces des parties inférieures des glaciers des Alpes ne sont que l’affleurement de couches primitivement horizontales[1].

    texte, et qui a été dessinée par M. Cyrus Johnson. Les rigoles peuvent se voir sur la gravure de la page 355.

  1. Note du traducteur. Je crois devoir supprimer ici trois pages de ce chapitre