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ESCALADES DANS LES ALPES.

droite de l’arête, puis nous montâmes à travers les séracs du glacier du Cervin. À 8 heures 30 minutes, nous étions arrivés sur le plateau supérieur du glacier, en vue de l’endroit fatal où devaient se trouver les restes de nos infortunés compagnons.

Chaque guide prit alors à son tour le télescope et le passa en silence à son voisin, le visage couvert d’une pâleur livide. Tout espoir était perdu. Nous nous approchâmes. Ils gisaient sur la neige, dans le même ordre où ils avaient glissé, Croz
La corde de Manille.
un peu en avant, Hadow près de lui, puis Hudson à quelque distance en arrière ; mais on ne découvrit aucune trace de lord F. Douglas[1]. Nous les ensevelîmes dans la neige, à la place même où ils étaient tombés, au pied de la plus haute arête de la grande montagne des Alpes.

Tous ceux qui étaient tombés avaient été attachés avec la corde de Manille, ou avec la seconde corde, qui était également forte ; par conséquent, la corde la plus faible n’avait été employée qu’entre le vieux Pierre et lord F. Douglas. Ce fait singulier était une fort mauvaise note pour Taugwalder ; com-

  1. On trouva une paire de gants, une ceinture et une botte qui lui avaient appartenu. Ce fait donna lieu à des bruits ridicules qui n’eussent pas été répandus si l’on eût su que les autres cadavres avaient été également déchaussés dans leur horrible chute, et que leurs bottes gisaient près d’eux sur la neige.