APPENDICE.
I
Les guides du Val Tournanche qui avaient essayé d’escalader le Cervin pour en faciliter l’ascension à MM. Giordano et Sella par l’arête du sud-ouest, allèrent planter leur tente sur la troisième plate-forme, au pied de la Grande-Tour (3960 mètres). Le mauvais temps les contraignit à passer plusieurs jours sous cet abri. Au premier beau jour (13 juillet), ils se remirent en marche ; le 14, ils atteignirent l’Épaule vers midi, puis ils montèrent à la base du dernier pic (point où Bennen s’arrêta le 28 juillet 1862). Là, les avis se partagèrent. Deux des guides, Jean-Antoine Carrel et Joseph Maquignaz, voulaient continuer ; les autres ne s’en souciaient guère ; à la suite d’une longue discussion, ils commencèrent à descendre, et, lorsqu’ils furent sur la « Cravate » (4122 mètres), ils entendirent les cris que nous poussions du sommet[2]. De retour au Breuil le 15, ils racontèrent leur insuccès à M. Giordano (V. p. 391). Celui-ci, naturellement fort désappointé, les pressa de repartir[3]. « J’ai fait, leur dit-il, tous mes efforts pour avoir l’honneur d’exécuter le premier cette ascension ; la chance s’est déclarée contre moi, je suis vaincu. Patience ! Si je consens à de nouveaux sacrifices, ce sera pour vous ; il y va de votre honneur et de votre intérêt. Voulez-vous repartir afin de résoudre la question, ou, du moins, pour mettre un terme à toute incertitude ? » Tous les guides, excepté Jean-Antoine, refusèrent nettement de prendre part à toute nouvelle tentative. Carrel seul s’avança en disant : « Quant à moi, je n’y renonce pas. Si vous voulez venir (en se tournant vers l’abbé Gorret), vous ou les autres, je repars immédiatement. » — « Je n’en
- ↑ Nous résumons ici le récit de l’expédition des Italiens qui partirent du Breuil le 11 juillet 1865. V. p. 377.
- ↑ Je tiens ces détails de Jean-Antoine Carrel.
- ↑ Les détails suivants sont extraits du récit de l’abbé Amé Gorret (publié dans la Feuille d’Aoste, oct. 1865), qui se trouvait au Breuil au moment du retour des guides.